[Voyage du Président François Mitterrand en région...

[Voyage du Président François Mitterrand en région lyonnaise. Déjeuner privé chez "Léon de Lyon"]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP03068 004
technique1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
historiqueLe président de la République était le 5 décembre 1990 à Bron, au rendez-vous des banlieues. Au rendez-vous aussi des manifestants, qui entendent bien montrer leur mécontentement de la politique économique et sociale menée par le gouvernement. Avec, en toile de fond, les événements de Vaulx-en-Velin.
historiqueQuinze octobre 1988. François Mitterrand est à Oullins. Il inaugure les dernières réalisations de Roland Castro dans le centre de la ville de Roland Bernard. Et prononce un discours en faveur de la ville, de ses changements, affirmant sa volonté de voir les générations futures reconnaître le travail accompli en faveur des banlieues durant ses septennats, affirmant avec ferveur la nécessité de changer la ville et de mettre un terme au "désert bâti". 4 novembre 1990, le président de la République est [...] à Bron. Pour parler une nouvelle fois de la ville. Si la visite était prévue de longue date, elle prend un relief particulier. Depuis deux ans, si les opérations de rénovation se succèdent dans les banlieues, le grand souffle appelé par François Mitterrand ne semble pas s'être levé. Pire. De nouveaux symptômes sont apparus, dans la banlieue parisienne, dans le Nord, à Grenoble et, surtout, à deux pas de Bron, il y a un mois, lorsque s'est embrasé, pendant une semaine, le quartier du Mas-du-Taureau à Vaulx-en-Velin. A Bron, non seulement le président de la République sera présent pour prononcer le discours d'inauguration des assises de Banlieues 89, mais le colloque sera clos par Michel Rocard, à qui reviendra le soin de prononcer le discours de clôture [le 5 décembre]. Et pendant les séances, un aréopage de ministres devrait assister aux discussions, parmi lesquels Pierre Joxe, Michel Delebarre, Jean Poperen, Michel Durafour, Jacques Chérèque, Philippe Marchand ou encore Louis Besson. Si les assises doivent déboucher sur une charte des droits à l'urbanité, instituant le droit à la ville pour tous, le discours du président de la République n'en est pas moins attendu comme un événement. Il devrait, à la suite des incidents qui ont émaillé les banlieues, annoncer un certain nombre de mesures nouvelles. Elles seront concrétisées le 8 décembre prochain par le gouvernement, qui doit tenir un séminaire interministériel extraordinaire sur le thème de la ville. Autre signe de l'importance du discours attendu, en dehors de la noria de ministres qui seront présents, le fait que ce séminaire, initialement prévu avant les assises de Banlieues 89, ait été repoussé deux fois après l'intervention du chef de l'Etat. Au premier rang de ces mesures, on attend la mise en place de sous-préfets chargés des DSQ (Développement social des quartiers), mais surtout la création d'un ministère des Villes, même si l'idée ne fait pas l'unanimité chez les socialistes. Elle est pourtant du goût du député-maire de Bron et porte-parole du PS, Jean-Jack Queyranne, qui en est l'un des fervents partisans, tout comme Roland Castro, l'initiateur de Banlieues 89. Une préoccupation qui n'échappe pas non plus à Laurent Fabius qui était à Lyon [le 3 décembre], pour présenter son livre, "C'est en allant vers la mer", mais également pour rencontrer ses amis politiques : "Le gouvernement a déjà fait un certain nombre de choses pour les villes et les banlieues, mais il faut maintenant passer à la surmultipliée". Le président de l'Assemblée nationale a même annoncé que "pour accompagner l'action du gouvernement, il se rendrait l'année prochaine sur le terrain pour faire le bilan, avec les maires, de la situation et de ce qu'il ont besoin". Aujourd'hui, en arrivant à Bron, le président de la République trouvera du monde sur son chemin. A commencer par les communistes et le mouvement de paix, qui se manifestent contre la guerre du Golfe, à 11 heures, dans le centre de Bron, tout comme la CGT qui, elle, proteste contre les nouvelles mesures sociales. [Le 3 décembre], il a également été sollicité par le député européen, Djida Tazdait, également présidente des Jalb (Jeunes Arabes de Lyon et de banlieues) qui souhaite rencontrer Francois Mitterrand, avec le comité Thomas Claudio : "Il a bien reçu les lycéens !", lance-t-elle. Mais en arrivant au centre Albert-Camus, il ne devra pas s'attendre à un accueil chaleureux des socialistes du Rhône. Si un certain nombre d'élus ont été conviés par Banlieues 89 pour participer au colloque, la grande masse des militants et sympathisants n'ont pas été invités à participer à la réunion, ni même à faire la haie d'honneur sur le parcours du cortège. "Les services de l'Elysée nous ont demandé de limiter la présence militante à 200 personnes. Ça nous ennuie vis-à-vis des militants qui se sentent un peu frustrés d'un contact avec François Mitterrand mais le PS n'a pas le droit de confisquer ce colloque", explique le premier secrétaire du PS, Yvon Deschamps. Source : "Mitterrand souffle sur la banlieue" / C.L. [Catherine Lagrange] et F.P. [Frédéric Poignard] in Lyon Figaro, 4 décembre 1990, p.2.
historiqueVisite discrète de François Mitterrand, [le 4 décembre 1990] dans l'agglomération. Après avoir prononcé son discours à Bron devant un parterre choisi, le Président a succombé à la tentation lyonnaise, un déjeuner privé chez "Léon de Lyon" et une promenade au parc de la Tête-d'Or. Il est des lieux lyonnais qui doivent devenir synonymes de visite présidentielle. C'est le cas du restaurant Léon de Lyon, ou encore de la roseraie du parc de la Tête-d'Or. François Mitterrand, à l'issue de son discours a accompli deux pèlerinages, un déjeuner chez "Léon de Lyon" où il a dégusté un menu typiquement lyonnais, avant de s'échapper dans la roseraie du parc, en cercle restreint. Deux étapes que le Président a déjà accomplies en octobre 1988, lors de sa venue à Oullins. Au menu présidentiel, une spécialité de Jean-Paul Lacombe, un cake aux oreilles de cochon et aux pissenlits, une tarte aux cèpes, du gras-double aux oignons et des cardons. François Mitterrand est accompagné des ministres qui participent au déplacement, du préfet de Région, d'Yves Dauge, délégué à la Ville, et des deux sénateurs socialistes Roland Bernard et Franck Sérusclat. Le cercle des privilégiés se rétrécit considérablement pour la promenade digestive dans le parc, puisque seuls Jean Poperen, Jean-Jack Ouevranne, et Jacques Floch, député-maire de Rézé et président de l'association des maires des villes de banlieues, accompagnent les pas présidentiels. A l'issue, aux environs de 16 heures, le chef de l'Etat s'envole de l'aéroport de Lyon-Bron pour regagner Paris. C'est en avion également qu'il aurait dû arriver, mais François Mitterrand a choisi le TGV et la gare de la Part-Dieu pour son escale lyonnaise. Déjouant ainsi les plans de la CGT et du Parti communiste. Trois cents personnes s'étaient regroupées à proximité de l'aéroport pour manifester contre la politique sociale et l'engagement militaire dans le Golfe. En vain. Le Président n'aura pas vu l'ombre d'un contestataire pour cette visite-éclair. A l'intérieur de l'Espace Albert-Camus, qui accueille les assises et transformé en camp retranché, le parterre est soigneusement choisi. Beaucoup de journalistes, des élus toutes tendances politiques confondues, avec chez les socialistes, la priorité aux élus urbains, et, enfin, les spécialistes de la ville qui participent aux Assises. Les militants socialistes n'ont pas droit à la salle de conférence. Ils suivent le discours présidentiel sur des écrans vidéo. Car la salle où parle François Mitterrand est petite, sept cents places environ. Sur la tribune, une simple table et trois places pour Roland Castro, Jean-Jack Queyranne et François Mitterrand. En attendant le président, les conversations et les paris vont bon train sur les annonces qui seront faites. On glose sur les chances de voir tel ou tel à la tête du ministère chargé de la Ville. André Rossinot, maire de Nancy, salue même Roland Castro d'un sonore "Bonjour monsieur le délégué, oh, pardon, monsieur le ministre François Mitterrand arrive, accueilli par Michel Noir, Charles Millon et Michel Mercier, accompagné d'un Jean-Jack Queyranne rayonnant, suivi d'un aréopage de ministres. Poperen, Delebarre, Marchand, Durafour, Chérèque, Besson et Joxe sont du voyage. On remarque aussi Isabelle Thomas qui accompagne François Mitterrand et dans la foule sur le parvis de l'Espace, Martine Hernu et encore Julien Dray. Seuls déçus de cette visite, les jeunes de Vaulx-en-Velin. Ils font le forcing pour rencontrer François Mitterrand. Autour de Djida Tazdait, ils réussissent même à trouver des places dans la salle. Mais François Mitterrand ne les recevra pas. Il confie cette tâche à Isabelle Thomas, l'égérie des manifestations étudiantes de 1986. Elle consacre son après-midi à écouter les jeunes du comité Thomas-Claudio, les Jalb, jeunes arabes de Lyon et banlieues et le comité de défense des commerçants de Vaulx-en-Velin. Au cours de la journée, d'autres conseillers de l'Elysée auront reçu en préfecture les doléances de la FCPE, du SNI-PEGC, de la coordination lycéenne lyonnaise ou encore des anciens combattants. Seul à ne pas jouer des coudes pour se retrouver dans le périmètre de courtoisie de François Mitterrand, Maurice Charrier, le maire de Vaulx-en-Velin. Assis à sa place, il prend consciencieusement en notes le discours, avant d'être assailli de questions à la sortie de la salle. Quelques instants plus tard, il a le privilège d'avoir un bref tête-à-tête avec le chef de l'Etat. Source : "François chez Léon" / Frédéric Poignard in Lyon Figaro, 5 décembre 1990, p.2-3.
note à l'exemplaireCe reportage photographique contient 12 négatifs.
note bibliographique"Les plans du Président" / Catherine Lagrange in Lyon Figaro, 5 décembre 1990, p.2. - "L'angoisse du lendemain" / Marie Caballero in Lyon Figaro, 5 décembre 1990, p.3.

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